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Francia; Un bienfait n'est jamais perdu. Жорж СандЧитать онлайн книгу.

Francia; Un bienfait n'est jamais perdu - Жорж Санд


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mère? Où la trouver? Puisqu'elle n'était pas là, c'est qu'elle était morte. Je ne pus que hausser les épaules avec chagrin. La trompette sonnait; il fallait partir, continuer la poursuite. Je partis. – Et à présent… peut-on espérer de la retrouver, cette mère? Ce n'était pas du tout une célébrité, comme ses enfants se le persuadent; elle était de ces pauvres artistes ambulants que Napoléon trouva dans Moscou, qu'il fit, dit-on, reparaître sur le théâtre après l'incendie pour distraire ses officiers de la mortelle tristesse de leur séjour, et qui le suivirent malgré lui avec toute cette population de traînards qui a gêné sa marche et précipité ses revers. Des cinquante mille âmes inutiles qui ont quitté la Russie avec lui, il n'en est peut-être pas rentré cinq cents en France. Enfin je verrai l'enfant, elle m'intéresse de plus en plus. Elle est bien jolie à présent!

      » – Plus jolie que la marquise?

      » – Non, c'est autre chose.»

      Et après ce muet entretien avec sa pensée, Mourzakine se rappela qu'il avait laissé la marquise en tête-à-tête avec son oncle.

      – Arrivez donc, mon cousin! s'écria-t-elle en le voyant revenir. Venez me protéger. On est en grand péril avec M. Ogokskoï. Il est d'une galanterie vraiment pressante. Ah! les Russes! Je ne savais pas, moi, qu'il fallait en avoir peur.

      Tout cela, débité avec l'aplomb d'une femme qui n'en pense pas un mot, porta différemment sur les deux Russes. Le jeune y vit un encouragement, le vieux une raillerie amère. Il crut lire dans les yeux de son neveu que cette ironie était partagée.

      – Je pense, dit-il en dissimulant son dépit sous un air enjoué, que vous mourez d'envie de vous moquer de moi avec Diomiditch; c'est l'affaire des jeunes gens de plaire à première vue, n'eussent-ils ni esprit, ni mérite;… mais ce n'est pas ici le cas, et je vous laisse en meilleure compagnie que la mienne.

      – Puis-je vous demander, lui dit Mourzakine en le reconduisant jusqu'à sa voiture de louage, si vous avez plaidé ma cause?..

      – Auprès de ta belle hôtesse? Tu la plaideras bien tout seul!

      – Non! auprès de notre père.

      – Le père a bien le temps de s'occuper de toi. Il est en train de faire un roi de France! Fais-toi oublier, c'est le mieux! Tu es bien ici, restes-y longtemps.

      Mourzakine comprit que le coup était porté. La marquise avait plu à Ogokskoï, et lui, Mourzakine, avait encouru la disgrâce de son oncle, celle du maître par conséquent. – A moins que la marquise…; mais cela n'était point à supposer, et Mourzakine était déjà assez épris d'elle pour ne pas s'arrêter volontiers à une pareille hypothèse.

      Il s'efforça de s'y soustraire, de faire bon marché de sa mésaventure, de consommer l'oeuvre de séduction déjà entamée, d'être pressant, irrésistible; mais ce n'est pas une petite affaire que le mécontentement d'un oncle russe placé près de l'oreille du tsar! C'est toute une carrière brisée, c'est une destinée toute pâle, – toute noire peut-être, car, si le déplaisir se change en ressentiment, ce peut être la ruine, l'exil, – et pourquoi pas la Sibérie? Les prétextes sont faciles à faire naître.

      La marquise trouva son adorateur si préoccupé, si sombre par moments, qu'elle fut forcée de le remarquer. Elle essaya d'abord de le plaisanter sur sa longue absence du salon, et, ne croyant pas deviner si juste, elle lui demanda s'il l'avait quittée pendant un grand quart d'heure pour s'occuper de la grisette.

      – Quelle grisette?

      Il n'avait plus le moindre souci d'elle. Ce qu'il voulait se faire demander, c'était la véritable cause de son inquiétude, et il y réussit.

      D'abord la folle marquise ne fit qu'en rire. Elle n'était pas fâchée de tourner la tête au puissant Ogokskoï, et il ne pouvait pas lui tomber sous le sens qu'elle dût expier sa coquetterie en subissant des obsessions sérieuses. Mourzakine vit bien vite que cette petite tête chauve et ce corps énorme lui inspiraient une horreur profonde, et il n'eut pas le mauvais goût de sa secrète intention, mais il crut pouvoir louvoyer adroitement.

      – Puisque vous prenez cela pour une plaisanterie, lui dit-il, je suis bien heureux de sacrifier la protection de mon oncle, dont je commençais à être jaloux; mais, je dois pourtant vous éclairer sur les dangers qui vous sont personnels.

      – Des dangers, à moi? vis-à-vis d'un pareil monument? Pour qui donc me prenez-vous, mon cousin? Avez-vous si mauvaise opinion des Françaises…

      – Les Françaises sont beaucoup moins coquettes que les femmes russes, mais elles sont plus téméraires, plus franches, si vous voulez, parce qu'elles sont plus braves. Elles irritent des vanités qu'elles ne connaissent pas. Oserai-je vous demander si M. le marquis de Thièvre désire la restauration des Bourbons par raison de sentiment…

      – Mais oui, d'abord.

      – Sans doute; mais n'a-t-il pas de grands avantages à faire valoir?..

      – Nous sommes assez riches pour être désintéressés.

      – D'accord! Pourtant, si vous étiez desservis auprès d'eux…

      – Notre position serait très-fausse, car on ne sait ce qui peut arriver. Nous nous sommes beaucoup compromis, nous avons fait de grands sacrifices. – Mais en quoi votre oncle peut-il nous nuire auprès des Bourbons?

      – Le tsar peut tout, répondit Mourzakine d'un air profond.

      – Et votre oncle peut tout sur le tsar?

      – Non pas tout, mais beaucoup, reprit-il avec on mystérieux sourire qui effraya la marquise.

      – Vous croyez donc, dit-elle après un moment d'hésitation, que j'ai eu tort de railler sa galanterie tout à l'heure?

      – Devant moi, oui, grand tort!

      – Cela pourra vous nuire, vraiment?

      – Oh! cela, peu importe! mais le mal qu'il peut vous faire, je m'en soucie beaucoup plus… Vous ne connaissez pas mon oncle. Il a été l'idole des femmes dans son temps; il était beau, et il les aimait passionnément. Il a beaucoup rabattu de ses prétentions et de ses audaces; mais il ne faut pas agacer le vieux lion, et vous l'avez agacé. Un instant, il a pu croire…

      – Taisez-vous. Est-ce par… jalousie que vous me donnez cette amère leçon?

      – C'est par jalousie, je ne peux pas le nier, puisque vous me forcez à vous le dire; mais c'est aussi par amitié, par dévouement, et par suite de la connaissance que j'ai du caractère de mon oncle. Il est aigri par l'âge, ce qui ajoute au tempérament le plus vindicatif qu'il y ait en Russie, pays où rien ne s'oublie. Prenez garde, ma belle, ma séduisante cousine! Il y a des griffes acérées sous les pattes de velours.

      – Ah! mon Dieu, s'écria-t-elle, voilà que vous m'effrayez! Je ne sais pourtant pas quel mal il peut me faire!..

      – Voulez-vous que je vous le dise?

      – Oui, oui, dites; il faut que je le sache.

      – Vous ne vous fâcherez pas?

      – Non.

      – Ce soir, quand le père, comme nous appelons le tsar, lui demandera ce qu'il a vu et entendu dans la journée, il lui dira, oh! je l'entends d'ici! Il lui dira:

      » – J'ai vu mon neveu logé chez une femme d'une beauté incomparable. Il en est fort épris.

      – Bien, tant mieux pour lui! dira le père, qui est encore jeune, et qui aime les femmes avec candeur.

      Demain il se souviendra, et il demandera le soir à mon oncle:

      – Eh bien! ton neveu est-il heureux?

      – Probablement, répondra le comte.

      Et il ne manquera pas de lui faire remarquer M. le marquis de Thièvre dans quelque salon de l'hôtel de Talleyrand. Il lui dira:

      – Pendant que le mari fait ici de la politique et aspire à vous faire sa cour, mon neveu fait la cour à sa femme et


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