Эротические рассказы

Les contemplations. Aujourd'hui, 1843-1856. Виктор Мари ГюгоЧитать онлайн книгу.

Les contemplations. Aujourd'hui, 1843-1856 - Виктор Мари Гюго


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que deuil, misère, ennui.

      J'ai vu le loup mangeant l'agneau, dire: Il m'a nui!

      Le vrai boitant; l'erreur haute de cent coudées;

      Tous les cailloux jetés à toutes les idées.

      Hélas! j'ai vu la nuit reine, et, de fers chargés,

      Christ, Socrate, Jean Huss, Colomb; les préjugés

      Sont pareils aux buissons que dans la solitude

      On brise pour passer: toute la multitude

      Se redresse et vous mord pendant qu'on en courbe un.

      Ah! malheur à l'apôtre et malheur au tribun!

      On avait eu bien soin de me cacher l'histoire;

      J'ai lu; j'ai comparé l'aube avec la nuit noire

      Et les quatre-vingt-treize aux Saint-Barthélemy;

      Car ce quatre-vingt-treize où vous avez frémi,

      Qui dut être, et que rien ne peut plus faire éclore,

      C'est la lueur de sang qui se mêle à l'aurore.

      Les Révolutions, qui viennent tout venger,

      Font un bien éternel dans leur mal passager.

      Les Révolutions ne sont que la formule

      De l'horreur qui, pendant vingt règnes s'accumule.

      Quand la souffrance a pris de lugubres ampleurs;

      Quand les maîtres longtemps ont fait, sur l'homme en pleurs

      Tourner le Bas-Empire avec le Moyen Age,

      Du midi dans le nord formidable engrenage;

      Quand l'histoire n'est plus qu'un tas noir de tombeaux,

      De Crécys, de Rosbachs, becquetés des corbeaux;

      Quand le pied des méchants règne et courbe la tête

      Du pauvre partageant dans l'auge avec la bête;

      Lorsqu'on voit aux deux bouts de l'affreuse Babel

      Louis Onze et Tristan, Louis Quinze et Lebel;

      Quand le harem est prince et l'échafaud ministre;

      Quand toute chair gémit; quand la lune sinistre

      Trouve qu'assez longtemps l'herbe humaine a fléchi,

      Et qu'assez d'ossements aux gibets ont blanchi;

      Quand le sang de Jésus tombe en vain, goutte à goutte,

      Depuis dix-huit cents ans, dans l'ombre qui l'écoute;

      Quand l'ignorance a même aveuglé l'avenir;

      Quand, ne pouvant plus rien saisir et rien tenir,

      L'espérance n'est plus que le tronçon de l'homme;

      Quand partout le supplice à la fois se consomme,

      Quand la guerre est partout, quand la haine est partout,

      Alors, subitement, un jour, debout, debout!

      Les réclamations de l'ombre misérable,

      La géante douleur, spectre incommensurable,

      Sortent du gouffre; un cri s'étend sur les hauteurs;

      Les mondes sociaux heurtent leurs équateurs;

      Tout le bagne effrayant des parias se lève;

      Et l'on entend sonner les fouets, les fers, le glaive,

      Le meurtre, le sanglot, la faim, le hurlement,

      Tout le bruit du passé, dans ce déchaînement!

      Dieu dit au peuple: Va! l'ardent tocsin qui râle,

      Secoue avec sa corde obscure et sépulcrale

      L'église et son clocher, le Louvre et son beffroi;

      Luther brise le pape et Mirabeau le roi!

      Tout est dit. C'est ainsi que les vieux mondes croulent.

      Oh! l'heure vient toujours! des flots sourds au loin roulent.

      À travers les rumeurs, les cadavres, les deuils,

      L'écume, et les sommets qui deviennent écueils,

      Les siècles devant eux poussent, désespérées,

      Les révolutions, monstrueuses marées,

      Océans faits des pleurs de tout le genre humain.

V

      Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main

      Qui sema ne veut pas accepter la récolte,

      Le fer dit que le sang qui jaillit, se révolte.

      Voilà ce que m'apprit l'histoire. Oui, c'est cruel,

      Ma raison a tué mon royalisme en duel.

      Me voici jacobin. Que veut-on que j'y fasse?

      Le revers du louis dont vous aimez la face,

      M'a fait peur. En allant librement devant moi,

      En marchant, je le sais, j'afflige votre foi,

      Votre religion, votre cause éternelle,

      Vos dogmes, vos aïeux, vos dieux, votre flanelle,

      Et dans vos bons vieux os, faits d'immobilité,

      Le rhumatisme antique appelé royauté.

      Je n'y puis rien. Malgré menins et majordomes,

      Je ne crois plus aux rois, propriétaires d'hommes;

      N'y croyant plus, je fais mon devoir, je le dis.

      Marc-Aurèle écrivait: «Je me trompai jadis;

      Mais je ne laisse pas, allant au juste, au sage,

      Mes erreurs d'autrefois me barrer le passage.»

      Je ne suis qu'un atome et je fais comme lui;

      Marquis, depuis vingt ans, je n'ai, comme aujourd'hui,

      Qu'une idée en l'esprit: servir la cause humaine.

      La vie est une cour d'assises; on amène

      Les faibles à la barre accouplés aux pervers.

      J'ai, dans le livre, avec le drame, en prose, en vers

      Plaidé pour les petits et pour les misérables,

      Suppliant les heureux et les inexorables;

      J'ai réhabilité le bouffon, l'histrion,

      Tous les damnés humains, Triboulet, Marion,

      Le laquais, le forçat et la prostituée;

      Et j'ai collé ma bouche à toute âme tuée,

      Comme font les enfants, anges aux cheveux d'or,

      Sur la mouche qui meurt, pour qu'elle vole encor.

      Je me suis incliné sur tout ce qui chancelle,

      Tendre, et j'ai demandé la grâce universelle;

      Et, comme j'irritais beaucoup de gens ainsi,

      Tandis qu'en bas peut-être on me disait: Merci,

      J'ai recueilli souvent, passant dans les nuées,

      L'applaudissement fauve et sombre des huées;

      J'ai réclamé des droits pour la femme et l'enfant;

      J'ai tâché d'éclairer l'homme en le réchauffant;

      J'allais criant: Science! écriture! parole!

      Je voulais résorber le bagne par l'école;

      Les coupables pour moi n'étaient que des témoins.

      Rêvant tous les progrès, je voyais luire moins

      Que le front de Paris la tiare de Rome.

      J'ai vu l'esprit humain libre, et le coeur de l'homme

      Esclave; et j'ai voulu l'affranchir à son tour,

      Et


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