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Le fils du Soleil. Gustave AimardЧитать онлайн книгу.

Le fils du Soleil - Gustave Aimard


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lui, fit le signe de la crois et se prépara à mourir en brave.

      –-Allons! dit Neham-Outah, finissons-en; on dirait que ce misérable a peur de la mort.

      –-Dépêchons, fit Pincheira, j'entends nos hommes, et, si nous ne nous hâtons, on nous ravira notre proie.

      –-Vous ne croyiez pas dire si vrai, senor Pincheira, s'écria Julian en apparaissant suivi de ses deux frères. Voyons lesquels tueront les autres!

      –-Merci, mes vaillants frères, dit Sanchez joyeux.

      –-Malédiction! jura Pincheira. Ces diables sont donc partout?

      –-Je ne veux pas qu'il m'échappe! murmura Neham-Outah, qui se mordit les lèvres jusqu'au sang.

      –-Fi donc, caballeros! cria Julian avec ironie. En garde, défendez-vous comme des hommes ou je vous tue comme des chiens.

      Les fers se croisèrent, et la lutte s'engagea avec une fureur égale des deux part.

      Un sourire d'ironie contracta le visage bruni des frères de Sanchez, tandis que Pincheira frappait du pied avec impatience. Le chef Indien continua sans prendre garde à ces marques d'improbation.

      VI.–NEHAM-OUTAH

      C'était une lutte à mort qui se préparait entre les bomberos et les Indiens, ces ennemis irréconciliables; et, en cette circonstance, l'avantage semblait devoir rester aux quatre frères.

      Maria revenue de son évanouissement, le coeur oppressé, regrettait de s'être réveillée.

      Après le premier choc, Neham-Outah recula d'un pas, baissa son arme, fit signe à Pincheira de l'imiter et, les bras croisés sur sa poitrine, il s'avança vers les bomberos.

      –-Arrêtez! cria-t-il. Ce combat n'aura pas lieu; il ne convient pas à des hommes de se disputer, au prix de la vie, la possession d'une femme.

      –-Le sang d'un homme est précieux. Emmenez votre soeur, mes braves gens, je vous la donne; qu'elle soit heureuse avec vous!

      –-Notre soeur! s'écrièrent les trois jeunes gens étonnés.

      –-Oui, dit Sanchez. Mais quelles sont les conditions à notre retraite?

      –-Aucune, répondit noblement le chef.

      La générosité de Neham-Outah était d'autant plus désintéressée que les bomberos, aux premiers rayons du soleil levant, aperçurent une troupe de près de mille Indiens bien équipés peints et armés en guerre, qui s'était avancée silencieuse et les entourait comme d'un cercle.

      –-Devons-nous, demanda Sanchez, nous fier à votre parole, et n'avons nous aucun piège à redouter?

      –-Ma parole, répondit l'ulmen avec hauteur, est plus sacrée que celle d'un blanc. Nous avons, comme vous, de nobles sentiments, plus que tout autre peut-être, ajouta-t-il en désignant du doigt une ligne rouge qui lui traversait le visage. Nous savons pardonner. Vous êtes libres, et nul n'inquiétera votre retraite.

      Neham-Outah suivait sur la physionomie des bomberos le vol de leurs pensées. Ces derniers se sentaient vaincus par la magnanimité du cher, qui sourit d'un air de triomphe en devinant leur étonnement et leur confusion.

      –-Mon ami, dit-il à Pincheira, qu'on donne à ces hommes des montures fraîches.

      Pincheira hésita.

      –-Allez! fit-il avec un geste d'une grâce suprême.

      Le Chilien, à demi-sauvage, subissant malgré lui la supériorité de Neham-Outah, obéit, et cinq chevaux d'un grand prix et tout harnachés furent amenés par deux Indiens.

      –-Chef, dit Sanchez d'une voix légèrement émue, je ne vous remercie pas de la vie, car je ne crains pas la mort, mais, au nom de mes frères et au mien, je vous rends grâce pour notre soeur. Nous n'oublions jamais ni une injure ni un bienfait. Adieu! peut-être aurai-je un jour l'occasion de vous prouver que nous ne sommes pas ingrats.

      Le chef inclina la tête sans répondre. Les bomberos, groupés autour de Maria, le saluèrent et s'éloignèrent au petit pas.

      –-Enfin, vous l'avez voulu, dit Pincheira, qui haussa les épaules avec dépit.

      –-Patience! répondit Neham-Outah d'une voix profonde.

      Pendant ce temps-là, un immense bûcher avait été allumé au pied de l'arbre de Gualichu où les Indiens, dont les craintes superstitieuses s'étaient dissipées avec les ténèbres, s'étaient de nouveau réunis en conseil. A quelques pas en arrière des chefs, les cavaliers Aucas et Puelches formèrent un redoutable cordon autour du conseil, tandis que des éclaireurs patagons fouillaient le désert pour éloigner les importuns et assurer le secret des délibérations.

      A l'Orient, le soleil dardait ses flammes; le désert aride et nu se mêlait à l'horizon sans bornes; au loin les Cordillères dressaient la neige éternelle de leurs sommets. Tel était le paysage, si l'on peut parler ainsi, où, près de l'arbre symbolique, se tenaient ces guerriers barbares revêtus de bizarres costumes. A ce aspect majestueux, l'on se rappelait involontairement d'autres temps, et d'autres climats, quand, à la clarté des incendies, les féroces compagnons d'Attila couraient à la conquête et au rajeunissement du monde romain.

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