Un Prix de Courage . Морган РайсЧитать онлайн книгу.
la porte derrière lui et rester avec elle aussi longtemps qu’il le pourrait. Mais ce n’était pas ainsi que les choses se dérouleraient.
Sa chaleur et le contact de son corps… Tout était soudain parfait. Il eut du mal à la lâcher. Enfin, il fit un pas en arrière et la regarda droit dans les yeux. Elle remarqua son armure, ses armes et la déception se lut sur son visage quand elle comprit qu’il ne resterait pas.
– Tu pars de nouveau, très cher ? demanda-t-elle.
Erec baissa la tête.
– Ce n’est pas mon souhait, très chère, répondit-il. L’Empire approche. Si je reste, nous allons tous mourir.
– Et si tu pars ? demanda-t-elle.
– Je mourrai sans doute quoi qu’il arrive, admit-il, mais cela nous donnera au moins une chance. Une petite chance, mais une chance néanmoins.
Alistair se détourna et marcha jusqu’à la fenêtre, pour contempler la cour du Duc illuminée par le soleil couchant. Son visage s’alluma sous la douce lumière. Erec pouvait voir sa tristesse. Il se porta à son côté et caressa les cheveux sur sa nuque.
– Ne sois pas triste, mon amour, dit-il. Si je survis, je te reviendrai. Et nous serons ensemble pour toujours, libérés du danger et des menaces. Libres de vivre enfin notre vie.
Elle secoua tristement la tête.
– J’ai peur, dit-elle.
– De l’armée qui approche ? demanda-t-il.
– Non, répondit-elle en se tournant vers lui. J’ai peur de toi.
Il lui jeta un regard d’incompréhension.
– J’ai peur que tu me vois différemment à présent, dit-elle, depuis que tu m’as vue sur le champ de bataille.
Erec secoua la tête.
– Je ne te vois pas différemment, dit-il. Tu m’as sauvé la vie et je t’en suis reconnaissant.
Elle secoua la tête.
– Mais tu as vu un autre aspect de ce que je suis, dit-elle. Tu as vu que je ne suis pas normale. Je ne suis pas comme tout le monde. Il y a en moi un pouvoir que je ne comprends pas. Maintenant, j’ai peur que tu me voies comme un monstre. Ou comme une femme dont tu ne veux plus comme épouse.
Le cœur de Erec se brisa à ces mots. Il fit un pas en avant, prit ses mains entre les siennes avec une passion sincère et la regarda droit dans les yeux avec le plus grand sérieux.
– Alistair, dit-il. Je t’aime de toute mon âme. Je n’ai jamais aimé une femme plus que toi et je n’en aimerai jamais une autre. J’aime tout ce que tu es. Je ne te vois pas différente. Quels que soient ces pouvoirs, qui que tu sois, même si je ne le comprend pas. J’accepte tout. Je suis même reconnaissant. Je jure de ne pas te poser de questions et je garderai cette promesse. Je ne te demanderai rien. Qui ou quoi que tu sois, je t’accepte.
Elle lui jeta un long regard. Enfin, elle esquissa un sourire timide et des larmes de soulagement et de joie brillèrent sous ses paupières. Elle se tourna et l’embrassa, l’étreignit avec tout son amour.
Elle murmura contre son oreille :
– Reviens-moi.
CHAPITRE QUATRE
Gareth se tenait debout au seuil de la caverne et regardait le soleil se coucher. Il passa la langue sur ses lèvres sèches et tâcha de se concentrer, car les effets de l’opium commençaient à se dissiper. La tête lui tournait : il n’avait rien mangé et rien bu depuis plusieurs jours. Gareth repensa à son audacieuse fuite du château. Il s’était faufilé par le passage secret dans la cheminée, juste avant que le seigneur Kultin ne survienne pour le piéger. Gareth sourit. Kultin avait été malin, mais Gareth s’était montré plus rusé encore. Comme tout le monde, Kultin avait sous-estimé Gareth. Il n’avait pas compris que Gareth avait des espions partout. Gareth avait eu vent du complot très rapidement.
Il s’était échappé juste à temps, avant l’arrivée de Kultin et l’invasion de la Cour du Roi par Andronicus. La ville avait été ensuite rasée. En vérité, Kultin avait fait une faveur à Gareth.
Gareth avait suivi les anciens passages secrets qui se faufilaient hors du château. Il avait rampé sous la terre jusqu’à déboucher dans la campagne, près d’un petit village reculé, à des kilomètres de la Cour. Apercevant non loin cette caverne, il s’y était réfugié et y avait dormi toute la journée, recroquevillé et tremblant sous l’impitoyable bise de l’hiver. Il aurait dû emporter plus de vêtements.
Une fois éveillé, Gareth rampa au dehors pour espionner au loin le petit village de fermiers : quelques maisonnettes, de la fumée s’élevant des cheminées, les hommes de Andronicus qui patrouillaient dans les rues et dans les environs… Gareth attendit patiemment qu’ils se dispersent. Son estomac criait famine et il savait qu’il trouverait de quoi se sustenter dans ces maisons : il sentait d’ici l’odeur de cuisine.
Gareth surgit de la grotte en regardant de tous côtés, haletant, rendu fébrile par la peur. Il n’avait pas couru depuis des années et il soufflait sous l’effort. Il se rendait compte, à présent, combien il était devenu maigre et faible. La blessure à la tête que lui avait infligée sa mère l’élançait. Il se jura de la tuer s’il survivait.
Gareth s’engouffra dans les rues du village, chanceux d’échapper à la vigilance des soldats impériaux qui venaient de tourner le dos. Il courut jusqu’à la plus proche maisonnette, une petite demeure semblable à la plupart et qui ne comportait qu’une pièce à vivre. Une douce chaleur s’en échappait. Il aperçut une jeune fille, du même âge que lui environ. Elle entra par la porte ouverte, un plateau de viande dans les mains, souriante. Une fille plus jeune, peut-être une sœur cadette, d’environ dix ans, l’accompagnait. Gareth décida que c’était l’endroit rêvé.
Il s’engouffra avec elle dans la pièce, les suivit à l’intérieur et referma en claquant la porte. Il saisit la plus jeune par derrière en enroulant son bras autour de sa gorge. Elle poussa un hurlement et sa sœur lâcha son plateau, comme Gareth tirait un couteau de sa ceinture et le pressait contre la gorge de la fille.
Elle hurla et pleura.
– PAPA !
Gareth se tourna de tous côtés dans la confortable maisonnette éclairée par la lumière des chandelles et qu’embaumaient les odeurs de cuisine. Près de l’adolescente se trouvaient une mère et un père, à table, leurs yeux écarquillés remplis d’effroi et de colère.
– Restez où vous êtes et je ne la tuerai pas ! cria Gareth, désespéré, en reculant pour s’éloigner d’eux, sans lâcher la fille.
– Qui êtes-vous ? demanda la jeune fille. Je m’appelle Sarka et ma sœur s’appelle Larka. Nous sommes des gens pacifiques. Que faites-vous avec ma sœur ? Laissez-la tranquille !
– Je sais qui tu es, lança le père d’un ton désapprobateur. Tu es l’ancien Roi. Le fils de MacGil.
– Je suis toujours Roi, s’écria Gareth. Et vous êtes mes sujets. Vous ferez ce que je vous dis !
Le père lui jeta un regard noir.
– Si tu es Roi, où est ton armée ? demanda-t-il. Et si tu es Roi, pourquoi prends-tu en otage une jeune fille innocente en la menaçant avec ta royale dague ? Peut-être la même royale dague qui t’a servi pour tuer ton propre père ? siffla l’homme. J’ai entendu les rumeurs.
– Tu as la langue bien pendue, répondit Gareth. Continue comme ça et je tue ta gamine.
Le père avala sa salive avec difficulté, les yeux écarquillés d’effroi, et se tut.
– Que voulez-vous ? s’écria la mère.
– De la nourriture, dit Gareth, et un abri. Prévenez les soldats de ma présence et je vous promets que je la tue. Pas de coups bas, vous m’entendez ? Vous