Эротические рассказы

Ruy Blas: Drame. Victor HugoЧитать онлайн книгу.

Ruy Blas: Drame - Victor Hugo


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au besoin, soulever une émeute,

      Je le sais. Tout cela peut-être servira.

      DON CÉSAR, éclatant de rire.

      D’honneur! vous avez l’air de faire un opéra.

      Quelle part donnez-vous dans l’œuvre à mon génie?

      Sera-ce le poème ou bien la symphonie?

      Commandez. Je suis fort pour le charivari.

      DON SALLUSTE, gravement.

      Je parle à don César et non à Zafari.

      Baissant la voix de plus en plus.

      Écoute. J’ai besoin, pour un résultat sombre,

      De quelqu’un qui travaille à mon côté dans l’ombre

      Et qui m’aide à bâtir un grand événement.

      Je ne suis pas méchant, mais il est tel moment

      Où le plus délicat, quittant toute vergogne,

      Doit retrousser sa manche et faire la besogne.

      Tu seras riche, mais il faut m’aider sans bruit

      A dresser, comme font les oiseleurs la nuit,

      Un bon filet caché sous un miroir qui brille,

      Un piége d’alouette ou bien de jeune fille.

      Il faut, par quelque plan terrible et merveilleux,

      —Tu n’es pas, que je pense, un homme scrupuleux,—

      Me venger!

      DON CÉSAR.

      Vous venger?

      DON SALLUSTE.

      Oui.

      DON CÉSAR.

      De qui?

      DON SALLUSTE.

      D’une femme.

      DON CÉSAR.

      Il se redresse et regarde fièrement don Salluste.

      Ne m’en dites pas plus. Halte-là!—sur mon âme,

      Mon cousin, en ceci voilà mon sentiment:

      Celui qui, bassement et tortueusement,

      Se venge, ayant le droit de porter une lame,

      Noble, par une intrigue, homme, sur une femme,

      Et qui, né gentilhomme, agit en alguazil,

      Celui-là,—fût-il grand de Castille, fût-il

      Suivi de cent clairons sonnant des tintamarres,

      Fût-il tout harnaché d’ordres et de chamarres,

      Et marquis, et vicomte, et fils des anciens preux,

      N’est pour moi qu’un maraud sinistre et ténébreux

      Que je voudrais, pour prix de sa lâcheté vile,

      Voir pendre à quatre clous au gibet de la ville!

      DON SALLUSTE.

      César!...

      DON CÉSAR.

      N’ajoutez pas un mot, c’est outrageant.

      Il jette la bourse aux pieds de don Salluste.

      Gardez votre secret, et gardez votre argent.

      Oh! je comprends qu’on vole, et qu’on tue et qu’on pille;

      Que par une nuit noire on force une bastille,

      D’assaut, la hache au poing, avec cent flibustiers;

      Qu’on égorge estafiers, geôliers et guichetiers,

      Tous, taillant et hurlants, en bandits que nous sommes,

      Œil pour œil, dent pour dent, c’est bien! hommes contre hommes!

      Mais doucement détruire une femme! et creuser

      Sous ses pieds une trappe! et contre elle abuser,

      Qui sait? de son humeur peut-être hasardeuse!

      Prendre ce pauvre oiseau dans quelque glu hideuse!

      Oh! plutôt qu’arriver jusqu’à ce déshonneur,

      Plutôt qu’être, à ce prix, un riche et haut seigneur,

      —Et je le dis ici pour Dieu qui voit mon âme,—

      J’aimerais mieux, plutôt qu’être à ce point infâme,

      Vil, odieux, pervers, misérable et flétri,

      Qu’un chien rongeât mon crâne au pied du pilori!

      DON SALLUSTE.

      Cousin!...

      DON CÉSAR.

      De vos bienfaits je n’aurai nulle envie,

      Tant que je trouverai, vivant ma libre vie,

      Aux fontaines de l’eau, dans les champs le grand air,

      A la ville un voleur qui m’habille l’hiver,

      Dans mon âme l’oubli des prospérités mortes,

      Et devant vos palais, monsieur, de larges portes

      Où je puis, à midi, sans souci du réveil,

      Dormir, la tête à l’ombre et les pieds au soleil!

      —Adieu donc.—De nous deux Dieu sait quel est le juste.

      Avec les gens de cour, vos pareils, don Salluste,

      Je vous laisse, et je reste avec mes chenapans.

      Je vis avec les loups, non avec les serpents.

      DON SALLUSTE.

      Un instant...

      DON CÉSAR.

      Tenez, maître, abrégeons la visite.

      Si c’est pour m’envoyer en prison, faites vite.

      DON SALLUSTE.

      Allons, je vous croyais, César, plus endurci.

      L’épreuve vous est bonne et vous a réussi;

      Je suis content de vous. Votre main, je vous prie.

      DON CÉSAR.

      Comment!

      DON SALLUSTE.

      Je n’ai parlé que par plaisanterie.

      Tout ce que j’ai dit là, c’est pour vous éprouver.

      Rien de plus.

      DON CÉSAR.

      Çà, debout vous me faites rêver.

      La femme, le complot, cette vengeance...

      DON SALLUSTE.

      Leurre!

      Imagination! chimère!

      DON CÉSAR.

      A la bonne heure.

      Et l’offre de payer mes dettes! vision?

      Et les cinq cents ducats! imagination?

      DON SALLUSTE.

      Je vais vous les chercher.

      Il se dirige vers la porte du fond, et fait signe à Ruy Blas de rentrer.

      DON CÉSAR, à part sur le devant du théâtre et regardant don Salluste de travers.

      Hum! visage de traître!

      Quand la bouche dit oui, le regard dit peut-être.

      DON SALLUSTE, à Ruy Blas.

      Ruy


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