Эротические рассказы

Sans dessus dessous. Jules VerneЧитать онлайн книгу.

Sans dessus dessous - Jules Verne


Скачать книгу
se répandit cette nouvelle ­ au moins étrange ­ que les contrées arctiques allaient être mises en adjudication au profit du dernier et plus fort enchérisseur. D’ailleurs, aucune souscription publique n’était ouverte en vue de cette acquisition, dont les capitaux étaient faits d’avance. On verrait plus tard, lorsqu’il s’agirait d’utiliser le domaine, devenu la propriété des nouveaux acquéreurs.

      Utiliser le territoire arctique!… En vérité cela n’avait pu germer que dans des cervelles de fous!

      Rien de plus sérieux que ce projet, cependant.

      En effet, un document fut adressé aux journaux des deux continents, aux feuilles européennes, africaines, océaniennes, asiatiques, en même temps qu’aux feuilles américaines. Il concluait à une demande d’enquête de commodo et incommodo de la part des intéressés. Le New-York Herald avait eu la primeur de ce document. Aussi, les innombrables abonnés de Gordon Bennett purent-ils lire dans le numéro du 7 novembre la communication suivante ­ communication qui courut rapidement à travers le monde savant et industriel, où elle fut appréciée de façons bien diverses.

      « Avis aux habitants du globe terrestre,

      « Les régions du Pôle nord, situées à l’intérieur du quatre-vingt-quatrième degré de latitude septentrionale, n’ont pas encore pu être mises en exploitation par l’excellente raison qu’elles n’ont pas été découvertes.

      « En effet, les points extrêmes, relevés par les navigateurs, de nationalités différentes, sont les suivants en latitude :

      « 82°45’, atteint par l’Anglais Parry, en juillet 1847 sur le vingt-huitième méridien ouest, dans le nord du Spitzberg;

      « 83°20’28”, atteint par Markham, de l’expédition anglaise de sir John Georges Nares, en mai 1876, sur le cinquantième méridien ouest dans le nord de la terre de Grinnel;

      « 83°35’, atteint par Lockwood et Brainard, de l’expédition américaine du lieutenant Greely, en mai 1882, sur le quarante-deuxième méridien ouest, dans le nord de la terre de Nares.

      « On peut donc considérer la région qui s’étend depuis le quatre-vingt-quatrième parallèle jusqu’au Pôle, sur un espace de six degrés, comme un domaine indivis entre les divers États du globe, et essentiellement susceptible de se transformer en propriété privée, après adjudication publique.

      « Or, d’après les principes du droit, nul n’est tenu de demeurer dans l’indivision. Aussi les États-Unis d’Amérique, s’appuyant sur ces principes, ont-ils résolu de provoquer l’aliénation de ce domaine.

      « Une société s’est fondée à Baltimore, sous la raison sociale North Polar Practical Association, représentant officiellement la confédération américaine. Cette société se propose d’acquérir ladite région, suivant acte régulièrement dressé, qui lui constituera un droit absolu de propriété sur les continents, îles, îlots, rochers, mers, lacs, fleuves, rivières et cours d’eau généralement quelconques, dont se compose actuellement l’immeuble arctique, soit que d’éternelles glaces le recouvrent, soit que ces glaces s’en dégagent pendant la saison d’été.

      « Il est bien spécifié que ce droit de propriété ne pourra être frappé de caducité, même au cas où des modifications ­ de quelque nature qu’elles soient ­ surviendraient dans l’état géographique et météorologique du globe terrestre.

      « Ceci étant porté à la connaissance des habitants des deux Mondes, toutes les Puissances seront admises à participer à l’adjudication, qui sera faite au profit du plus offrant et dernier enchérisseur.

      « La date de l’adjudication est indiquée pour le 3 décembre de la présente année, en la salle des « Auctions », à Baltimore, Maryland, États-Unis d’Amérique.

      « S’adresser pour renseignements à William S. Forster, agent provisoire de la North Polar Practical Association, 93, High-street, Baltimore. »

      Que cette communication pût être considérée comme insensée, soit! En tout cas, pour sa netteté et sa franchise, elle ne laissait rien à désirer, on en conviendra. D’ailleurs, ce qui la rendait très sérieuse, c’est que le gouvernement fédéral avait d’ores et déjà fait concession des territoires arctiques, pour le cas où l’adjudication l’en rendrait définitivement propriétaire.

      En somme, les opinions furent partagées. Les uns ne voulurent voir là qu’un de ces prodigieux « humbugs » américains, qui dépasseraient les limites du puffisme, si la badauderie humaine n’était infinie. Les autres pensèrent que cette proposition méritait d’être accueillie sérieusement. Et ceux-ci insistaient précisément sur ce que la nouvelle Société ne faisait nullement appel à la bourse du public. C’était avec ses seuls capitaux qu’elle prétendait se rendre acquéreur de ces régions boréales. Elle ne cherchait donc point à drainer les dollars, les bank-notes, l’or et l’argent des gogos pour emplir ses caisses. Non! Elle ne demandait qu’à payer sur ses propres fonds l’immeuble circumpolaire.

      Aux gens qui savent compter, il semblait que ladite Société n’aurait eu qu’à exciper tout simplement du droit de premier occupant, en allant prendre possession de cette contrée dont elle provoquait la mise en vente. Mais là était précisément la difficulté, puisque, jusqu’à ce jour, l’accès du Pôle paraissait être interdit à l’homme. Aussi, pour le cas où les États-Unis deviendraient acquéreurs de ce domaine, les concessionnaires voulaient-ils avoir un contrat en règle, afin que personne ne vînt plus tard contester leur droit. Il eût été injuste de les en blâmer. Ils opéraient avec prudence, et, lorsqu’il s’agit de contracter des engagements dans une affaire de ce genre, on ne peut prendre trop de précautions légales.

      D’ailleurs, le document portait une clause, qui réservait les aléas de l’avenir. Cette clause devait donner lieu à bien des interprétations contradictoires, car son sens précis échappait, aux esprits les plus subtils. C’était la dernière : elle stipulait que « le droit de propriété ne pourrait être frappé de caducité, même au cas où des modifications ­ de quelque nature qu’elles fussent, ­ surviendraient dans l’état géographique et météorologique du globe terrestre. »

      Que signifiait cette phrase? Quelle éventualité voulait-elle prévoir? Comment la Terre pourrait-elle jamais subir une modification dont la géographie ou la météorologie aurait à tenir compte ­ surtout en ce qui concernait les territoires mis en adjudication?

      « Évidemment, disaient les esprits avisés, il doit y avoir quelque chose là-dessous! »

      Les interprétations eurent donc beau jeu, et cela était bien fait pour exercer la perspicacité des uns ou la curiosité des autres.

      Un journal, le Ledger, de Philadelphie, publia tout d’abord cette note plaisante :

      « Des calculs ont sans doute appris aux futurs acquéreurs des contrées arctiques qu’une comète à noyau dur choquera prochainement la Terre dans des conditions telles que son choc produira les changements géographiques et météorologiques, dont se préoccupe ladite clause. »

      La phrase était un peu longue, comme il convient à une phrase qui se prétend scientifique, mais elle n’éclaircissait rien. D’ailleurs, la probabilité d’un choc avec une comète de ce genre ne pouvait être acceptée par des esprits sérieux. En tout cas, il était inadmissible que les concessionnaires se fussent préoccupés d’une éventualité aussi hypothétique.

      « Est-ce que, par hasard, dit le Delta, de la Nouvelle-Orléans, la nouvelle Société s’imagine que la précession des équinoxes pourra jamais produire des modifications favorables à l’exploitation de son domaine?

      — Et pourquoi pas, puisque ce mouvement modifie le parallélisme de l’axe de notre sphéroïde? fit observer le Hamburger-Correspondent.

      — En effet, répondit la Revue Scientifique, de Paris.


Скачать книгу
Яндекс.Метрика