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Les invisibles de Paris. Gustave AimardЧитать онлайн книгу.

Les invisibles de Paris - Gustave Aimard


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Sans et contre mon ordre? répondit sévèrement Passe-Partout.

      — Dame! oui, qu’il me semble, murmura la Cigale en baissant les yeux sous le clair regard de son interlocuteur?

      — Même si je te jure que je ne te pardonnerai pas ta première désobéissance, ta prochaine indiscrétion.

      — Il n’y a pas de dé... dé... désobéissance quand l’intention d’obéir y est. Il ne peut pas non plus... plus y avoir d’indiscrétion... Je suis muet comme une baleine quand il s’agit de... de... de...

      Et le géant se sentit tellement ému que la fin de sa phrase ne put jamais sortir.

      — Allons, allons, mulet, n’en fais qu’à ta guise, repartit Passe-Partout en se laissant toucher malgré lui par cet accent vrai. Sois prudent, seulement. Un de ces jours, tu me compromettras sans t’en douter.

      — Ce jour-là, faites-moi sauter le crâne, je ne recommencerai plus.

      — Ta main!

      — Oh! mon... mon capitaine! — je veux dire... monsieur Passe-Partout.

      — Souviens-toi que tu t’es jeté bien souvent entre la mort et moi!... Toute fausse démarche peut me coûter la vie...

      — Vous voulez dire que ce n’était pas la peine de vous la sauver pour... pour...

      — Pour me la faire perdre au moment où le but approche.

      — Oh cela! jamais!

      — Puisque tu m’as suivi malgré moi, sais-tu ce qu’est devenu Caporal?

      — Tout de même. C’est un matelot fini; il ne manquera pas son coup, quoiqu’il se soit embarqué sans palan.

      — Tout n’est pas dit encore! fit en hochant la tête l’homme à la blouse bleue.

      — Caporal est bien fin... Soyez calme... Il ne se laissera pas genopper.

      — Je compte sur lui. Mais mieux vaut faire comme si je n’y comptais pas. Regarde si mon cheval est toujours derrière la hutte.

      — Il y est. Je l’ai attaché au même arbre que le mien.

      — Bien. Va me le chercher.

      La Cigale tenait de l’Arabe, pour qui entendre c’est obéir... quand il lui plaît d’obéir.

      Ouvrant l’immense compas de ses jambes, il s’éloigna rapidement.

      Passe-Partout, ou le capitaine, — nous lui conserverons ce nom ou ce titre jusqu’à plus ample information, — se débarrassa aussiôt de sa blouse, de son pantalon, de son béret. Il parut alors dans une tenue de cheval d’une élégance irréprochable.

      Enlevant la perruque noire et la fausse barbe de même couleur qui le déguisaient à tous les yeux, il ne garda qu’une fine moustache coquettement retroussée.

      L’ouvrier de tout à l’heure se trouva métamorphosé en un jeune élégant au visage pâle et diaphane, aux traits fins et délicats comme ceux d’une femme qui n’aurait pas encore atteint la trentaine.

      L’œil seul n’avait pas changé.

      C’est une chose à remarquer: tous les hommes qui, par besoin, par métier, se travestissent journellement, agents de police, espions ou voleurs, arrivent avec une habileté rare, mais concevable, à des résultats extraordinaires pour tout ce qui concerne la démarche, la tournure, la taille, le visage, même la voix; mais jamais le plus expert n’est parvenu à changer l’expression de son regard.

      Il vient toujours un moment où l’homme tout entier se révèle dans son œil.

      Au moment où le capitaine achevait sa transformation, ou pour mieux dire sa toilette, la Cigale reparut, conduisant deux magnifiques bêtes en bride, et tenant de la main gauche un chapeau et une cravache.

      — Pourquoi deux chevaux? demanda le capitaine en sautant en selle.

      — Est-ce que je ne vous accompagne pas?

      — Dans cette tenue? Tu es fou.

      — C’est vrai.

      — D’ailleurs, ne faut-il pas que tu fasses disparaître toutes ces nippes?

      — C’est encore vrai. Je suis une brute.

      — Tu ne me croirais pas si je le disais, fit le capitaine avec un sourire.

      — Tout de même... Et, quand j’aurai changé de peau et caché tout ça, qu’est-ce que je ferai?

      — Ce que tu voudras.

      — Vrai?... dit le géant avec joie; je pourrai vous suivre?...

      — Tu me rejoindras... j’y consens, puisque si je n’y consentais pas, ce serait exactement la même chose.

      — Pour ça, oui.

      — Du reste, il est possible que j’aie besoin de toi.

      — Bon!... vous pouvez démarrer... Je serai bientôt dans vos eaux... là-bas, n’est-ce pas?

      — Oui.

      — Est-ce que vous ne prenez pas d’armes sur vous?

      — J’ai des pistolets.

      — Faudra avoir un revolver; ça vaut mieux.

      — Allons, adieu. Ne tarde pas trop... et surtout sois prudent. Il y va de ma liberté, peut-être de ma vie.

      — Bon! vous pouvez vous en aller.

      Le jeune homme lui fit un dernier signe de tête amical, tendit la main et s’éloigna,au grand trot, dans la direction de la barrière d’Italie ou de Fontainebleau, ainsi qu’on la nomme plus ordinairement.

      — On veillera au grain, murmura à part lui le géant tout en s’occupant de la disparition des différents vêtements laissés par son capitaine.

      Après en avoir fait un paquet qu’il attacha à l’arçon de sa selle, il siffla un petit air de bravoure, jeta un dernier regard de précaution pour explorer les environs, et ne voyant rien de suspect, il se mit en selle.

      Peu d’instants après il galopait vers Paris.

      Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées depuis le départ de la Cigale, que le branchage d’un des arbres de la route s’entr’ouvrit, une tête pointue comme celle d’un renard s’avança, examina les environs; puis un corps suivit la tête pointue, et le tout dégringola lestement jusqu’à terre.

      Là, cette étrange réduction de l’espèce parisienne, tenant un peu de l’homme et beaucoup du singe ou du renard, comme nous l’avancions plus haut, un voyou de la plus laide venue se mit à ramper jusqu’à la hutte du cantonnier, tout en prenant certaines précautions et en bredouillant entre ses dents:

      La cigale ayant chanté tout l’été,

      Se trouva fort dépourvue

      Quand la bise fut venue,

      Puis, sans être obligé de se baisser comme le géant dont il raillait le nom, pour entrer dans ce pauvre taudis, l’enfant, le gnome, l’être curieux que nous venons de mettre en scène, tira de sa poche une boîte d’allumettes, en frotta une contre le sol, y mit le feu, et, s’orientant, il se dirigea rapidement vers une sorte de judas pratiqué dans la hutte, en face de l’entrée.

      — Ça y est, pensa-t-il. Attendons.

      Mais il n’attendit pas longtemps.

      Un léger bruit se fit entendre derrière la hutte, et une main gantée, petite, aux doigts longs et fins, passa à travers l’ouverture formée par le petit judas.

      La main tenait un louis.

      Le


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