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La confession d'un enfant du siècle. Альфред де МюссеЧитать онлайн книгу.

La confession d'un enfant du siècle - Альфред де Мюссе


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de l’amour céleste, servait à cacheter des lettres; les enfants crachaient le pain de Dieu.

      Heureux ceux qui échappèrent à ces temps! heureux ceux qui passèrent sur les abîmes en regardant le ciel! Il y en eut sans doute, et ceux-là nous plaindront.

      Il est malheureusement vrai qu’il y a dans le blasphème une grande déperdition de force qui soulage le cœur trop plein. Lorsqu’un athée, tirant sa montre, donnait un quart d’heure à Dieu pour le foudroyer, il est certain que c’était un quart d’heure de colère et de jouissance atroce qu’il se procurait. C’était le paroxysme du désespoir, un appel sans nom à toutes les puissances célestes; c’était une pauvre et misérable créature se tordant sous le pied qui l’écrase; c’était un grand cri de douleur. Et qui sait? aux yeux de celui qui voit tout, c’était peut-être une prière.

      Ainsi les jeunes gens trouvaient un emploi de la force inactive dans l’affectation du désespoir. Se railler de la gloire, de la religion, de l’amour, de tout au monde, est une grande consolation, pour ceux qui ne savent que faire; ils se moquent par là d’eux-mêmes et se donnent raison tout en se faisant la leçon. Et puis, il est doux de se croire malheureux, lorsqu’on n’est que vide et ennuyé. La débauche, en outre, première conclusion des principes de mort, est une terrible meule de pressoir lorsqu’il s’agit de s’énerver.

      En sorte que les riches se disaient: Il n’y a de vrai que la richesse; tout le reste est un rêve; jouissons et mourons. Ceux d’une fortune médiocre se disaient: Il n’y a de vrai que le malheur; tout le reste est un rêve; blasphémons et mourons.

      Ceci est-il trop noir? est-ce exagéré? Qu’en pensez-vous? Suis-je un misanthrope? Qu’on me permette une réflexion.

      En lisant l’histoire de la chute de l’empire romain, il est impossible de ne pas s’apercevoir du mal que les chrétiens, si admirables dans le désert, firent à l’état dès qu’ils eurent la puissance. «Quand je pense, dit Montesquieu, à l’ignorance profonde dans laquelle le clergé grec plongea les laïques, je ne puis m’empêcher de le comparer à ces Scythes dont parle Hérodote, qui crevaient les yeux à leurs esclaves, afin que rien ne pût les distraire et les empêcher de battre leur lait. – Aucune affaire d’état, aucune paix, aucune guerre, aucune trêve, aucune négociation, aucun mariage, ne se traitèrent que par le ministère des moines. On ne saurait croire quel mal il en résulta.»

      Monstesquieu aurait pu ajouter: Le christianisme perdit les empereurs, mais il sauva les peuples. Il ouvrit aux Barbares les palais de Constantinople, mais il ouvrit les portes des chaumières aux anges consolateurs du Christ. Il s’agissait bien des grands de la terre; et voilà qui est plus intéressant que les derniers râlements d’un empire corrompu jusqu’à la moelle des os, que le sombre galvanisme au moyen duquel s’agitait encore le squelette de la tyrannie sur la tombe d’Héliogabale et de Caracalla! La belle chose à conserver que la momie de Rome embaumée des parfums de Néron, cerclée du linceul de Tibère! Il s’agissait, messieurs les politiques, d’aller trouver les pauvres et de leur dire d’être en paix; il s’agissait de laisser les vers et les taupes ronger les monuments de honte, mais de tirer des flancs de la momie une vierge aussi belle que la mère du Rédempteur, l’espérance, amie des opprimés.

      Voilà ce que fit le christianisme; et maintenant, depuis tant d’années, qu’ont fait ceux qui l’ont détruit? Ils ont vu que le pauvre se laissait opprimer par le riche, le faible par le fort, par cette raison qu’ils se disaient: Le riche et le fort m’opprimeront sur la terre; mais quand ils voudront entrer au paradis, je serai à la porte et je les accuserai au tribunal de Dieu. Ainsi, hélas! ils prenaient patience.

      Les antagonistes du Christ ont donc dit au pauvre: Tu prends patience jusqu’au jour de justice, il n’y a point de justice; tu attends la vie éternelle pour y réclamer ta vengeance, il n’y a point de vie éternelle; tu amasses dans un flacon tes larmes et celles de ta famille, les cris de tes enfants et les sanglots de ta femme, pour les porter au pied de Dieu à l’heure de ta mort; il n’y a point de Dieu.

      Alors il est certain que le pauvre a séché ses larmes, qu’il a dit à sa femme de se taire, à ses enfants de venir avec lui, et qu’il s’est redressé sur la glèbe avec la force d’un taureau. Il a dit au riche: Toi qui m’opprimes, tu n’es qu’un homme; et au prêtre: Tu en as menti, toi qui m’as consolé. C’était justement là ce que voulaient les antagonistes du Christ. Peut-être croyaientils faire ainsi le bonheur des hommes, en envoyant le pauvre à la conquête de la liberté.

      Mais si le pauvre, ayant bien compris une fois que les prêtres le trompent, que les riches le dérobent, que tous les hommes ont les mêmes droits, que tous les biens sont de ce monde, et que sa misère est impie; si le pauvre, croyant à lui et à ses deux bras pour toute croyance, s’est dit un beau jour: Guerre au riche! à moi aussi la jouissance ici-bas, puisque le ciel est vide! à moi et à tous, puisque tous sont égaux! ô raisonneurs sublimes qui l’avez mené là, que lui direz-vous s’il est vaincu?

      Sans doute vous êtes des philanthropes, sans doute vous avez raison pour l’avenir, et le jour viendra où vous serez bénis; mais pas encore, en vérité, nous ne pouvons pas vous bénir. Lorsque autrefois l’oppresseur disait: A moi la terre! A moi le ciel, répondait l’opprimé. A présent, que répondra-t-il?

      Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes; le peuple qui a passé par 93 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus; tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux.

      Voilà un homme dont la maison tombe en ruine; il l’a démolie pour en bâtir une autre. Les décombres gisent sur le champ, et il attend des pierres nouvelles pour son édifice nouveau. Au moment où le voilà prêt à tailler ses moellons et à faire son ciment, la pioche en mains, les bras retroussés, on vient lui dire que les pierres manquent et lui conseiller de reblanchir les vieilles pour en tirer parti. Que voulezvous qu’il fasse, lui qui ne veut point de ruines pour faire un nid à sa couvée? La carrière est pourtant profonde, les instruments trop faibles pour en tirer les pierres. Attendez, lui dit-on, on les tirera peu à peu; espérez, travaillez, avancez, reculez. Que ne lui dit-on pas? Et pendant ce temps-là cet homme, n’ayant plus sa vieille maison et pas encore sa maison nouvelle, ne sait comment se défendre de la pluie, ni comment préparer son repas du soir, ni où travailler, ni où reposer, ni où vivre, ni où mourir; et ses enfants sont nouveau-nés.

      Ou je me trompe étrangement, ou nous ressemblons à cet homme. Ô peuples des siècles futures! lorsque, par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants; ô hommes libres! quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez; plaignez-nous plus que tous vos pères; car nous avons beacoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait.

      Chapitre III

      J’ai à raconter à quelle occasion je fus pris d’abord de la maladie du siècle.

      J’étais à table, à un grand souper, après une mascarade. Autour de moi mes amis richement costumés, de tous côtés des jeunes gens et des femmes, tous étincelants de beauté et de joie; à droite et à gauche des mets exquis, des flacons, des lustres, des fleurs; au-dessus de ma tête un orchestre bruyant, et en face de moi ma maîtresse, créature superbe que j’idolâtrais.

      J’avais alors dix-neuf ans; je n’avais éprouvé aucun malheur ni aucune maladie; j’étais d’un caractère à la fois hautain et ouvert, avec toutes les espérances et un cœur débordant. Les vapeurs du vin fermentaient dans mes veines; c’était un de ces moments d’ivresse


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