Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. АристофанЧитать онлайн книгу.
moi, j'étais donc bien à l'aise, couché sur la paille, le long du rempart?
Bien reçus, on nous forçait à boire, dans des coupes de cristal et d'or, un vin pur et délicieux.
O cité de Kranaos, sens-tu bien la moquerie de tes Envoyés?
Les Barbares ne regardent comme des hommes que ceux qui peuvent le plus manger et boire.
Et nous, les prostitués et les débauchés aux complaisances infectes.
Au bout de quatre ans, nous arrivons au palais du Roi; mais il était allé à la selle, suivi de son armée, et il chia huit mois dans les monts d'or.
Et combien de temps mit-il à fermer son derrière?
Toute la pleine lune; puis il revint chez lui. Il nous reçut alors, et il nous servit des bœufs entiers, sortant du four.
Et qui a jamais vu des bœufs cuits au four? Quelles bourdes!
Mais, de par Zeus! il nous fit servir un oiseau trois fois plus gros que Kléonymos, et dont le nom était «le hâbleur».
Est-ce donc pour tes hâbleries que tu touchais deux drakhmes?
Et maintenant nous vous annonçons Pseudartabas, l'œil du Roi.
Puisse un corbeau te crever le tien d'un coup de bec, toi, l'Envoyé!
L'œil du Roi!
Par Hèraklès! Au nom des dieux, dis donc, l'homme, ton œil est fait comme un trou de navire! Est-ce que, doublant le cap, tu regardes par où entrer en rade? Tu as une courroie qui retient ton œil par en bas.
Allons, toi, dis ce que le Roi t'a chargé d'annoncer aux Athéniens, Pseudartabas.
Iartaman exarxas apissona satra.
Avez-vous compris ce qu'il dit?
Par Apollôn! je ne comprends pas.
Il dit que le Roi vous enverra de l'or. Allons, toi, prononce plus haut et plus clairement le mot or.
Tu n'auras pas d'or, Ionien au derrière élargi; non.
Oh! le maudit homme! C'est on ne peut plus clair.
Que dit-il?
Il dit que les Ioniens ont le derrière élargi, s'ils comptent sur l'or des Barbares.
Mais non, il parle de larges médimnes d'or.
Quels médimnes? Tu es un grand hâbleur. Mais va-t'en: à moi tout seul, je vais les mettre à l'épreuve. (A Pseudartabas.) Voyons, toi, réponds clairement à l'homme qui te parle; autrement je te baigne dans un bain de teinture de Sardes. Le Grand Roi nous enverra-t-il de l'or? (Pseudartabas fait signe que non.) Alors nous sommes dupés par les Envoyés. (Pseudartabas fait signe que oui.) Mais ces gens-là font des signes à la façon hellénique; il n'y a pas de raison pour qu'ils ne soient pas d'ici. Des deux eunuques, j'en reconnais un: c'est Klisthénès, le fils de Sibyrtios. Oh! son chaud derrière est épilé. Comment, singe que tu es, avec la barbe dont tu t'es affublé, viens-tu nous jouer un rôle d'eunuque? Et l'autre, n'est-ce pas Stratôn?
Silence! Assis! Le Conseil invite l'œil du Roi à se rendre au Prytanéion.
N'y a-t-il pas là de quoi se pendre? Après cela dois-je donc me morfondre ici? Jamais la porte ne se ferme au nez des étrangers. Mais je vais faire quelque chose de hardi et de grand. Où donc est Amphithéos?
Me voici!
Prends-moi ces huit drakhmes, et fais une trêve avec les Lakédæmoniens pour moi seul, mes enfants et ma femme. Vous autres, envoyez des députations, et ouvrez la bouche aux espérances.
Place à Théoros qui revient de chez Sitalkès.
Me voici!
Encore un hâbleur appelé par la voix du Héraut.
Nous ne serions pas restés longtemps en Thrakè…
Non, de par Zeus! si tu n'avais touché un gros salaire.
S'il n'avait neigé sur toute la Thrakè, et si les fleuves n'eussent gelé vers le temps même où Théognis faisait ici jouer ses drames. Dans ce même temps je buvais avec Sitalkès. En vérité, il est passionné pour Athènes; c'est pour nous un amant véritable, au point qu'il a écrit sur les murs: «Charmants Athéniens!» Son fils, que nous avons fait Athénien, brûlait de manger des andouilles aux Apatouries, et conjurait son père de venir au secours de sa nouvelle patrie. Celui-ci jura sur une coupe de venir à notre secours avec une armée si nombreuse, que les Athéniens s'écrieraient: «Quelle nuée de sauterelles!»
Que je meure de male mort, si je crois un mot de ce que tu dis, hormis tes sauterelles!
Et maintenant il vous envoie la peuplade la plus belliqueuse de la Thrakè.
Voilà, au moins, qui est clair.
Paraissez, Thrakiens que Théoros amène.
Quel est ce fléau?
L'armée des Odomantes.
Quels Odomantes? Dis-moi, qu'est-ce que cela signifie? Qui donc a émasculé ces Odomantes?
Si on leur donne deux drakhmes de solde, ils fondront sur la Bœotia tout entière.
Deux drakhmes à ces châtrés! Gémis, peuple de marins, sauveurs de la ville! Ah! malheureux, c'est fait de moi! Les Odomantes m'ont volé mon ail. N'allez-vous pas me rendre mon ail?
Malheureux, ne te mesure pas avec des hommes bourrés d'ail.
Vous souffrez, Prytanes, que je sois traité de la sorte dans ma patrie, et cela par des Barbares! Mais je m'oppose à ce que l'assemblée délibère sur la solde à donner aux Thrakiens. Je vous déclare qu'il se produit un signe céleste: une goutte d'eau m'a mouillé.
Que les Thrakiens se retirent! Ils se présenteront dans trois jours. Les Prytanes lèvent la séance.
Oh! malheur! Que j'ai perdu de hachis. Mais voici Amphithéos, qui revient de Lakédæmôn. Salut, Amphithéos!
Non, pas de salut; laisse-moi courir: il faut qu'en fuyant, je fuie les Akharniens.
Qu'est-ce donc?
Je me hâtais de t'apporter ici la trêve; mais quelques Akharniens de vieille roche ont flairé la chose, vieillards solides, d'yeuse, durs à cuire, combattants de Marathôn, de bois d'érable. Ils se mettent à crier tous ensemble: «Ah! scélérat! tu apportes une trêve, et on vient de couper nos vignes!» En même temps ils mettent des tas de pierres dans leurs manteaux; moi je m'enfuis; eux me poursuivent en criant.
Eh bien, qu'ils crient! Mais apportes-tu la trêve?
Oui,