Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. АристофанЧитать онлайн книгу.
a-t-il?
Elle ne me plaît pas: cela sent le goudron et l'équipement naval.
Eh bien, goûte cette autre, qui a dix ans.
Elle sent, à son tour, le goût aigre des envoyés, qui vont par les villes stimuler la lenteur des alliés.
Voici enfin une trêve de trente ans sur terre et sur mer.
O Dionysia! En voilà une qui sent l'ambroisie et le nectar. Elle ne dit pas: «Fais provision de vivres pour trois jours.» Mais elle a à la bouche: «Va où tu veux!» Je l'accepte, je la ratifie, je bois à son honneur, et je souhaite mille joies aux Akharniens. Pour moi, délivré de la guerre et de ses maux, je vais à la campagne fêter les Dionysia.
Et moi, j'échappe aux Akharniens.
Par ici! Que chacun suive! Poursuis! Informe-toi de cet homme auprès de tous les passants! Il est de l'intérêt de la ville de se saisir de lui. Ainsi faites-moi savoir si quelqu'un de vous connaît l'endroit par où a passé le porteur de trêve.
Il a fui; il a disparu. Hélas! quel malheur pour mes armées! Il n'en était pas de même dans ma jeunesse, lorsque, chargé de sacs de charbon, je suivais Phayllos à la course: ce porteur de trêve n'aurait pas alors si aisément échappé à ma poursuite; il ne se serait pas dérobé comme un cerf. Mais maintenant que mon jarret est devenu roide, et que la jambe du vieux Lakrasidès s'est alourdie, il a filé.
Il faut courir après. Que jamais il ne nous nargue en disant qu'il a échappé aux vieux Akharniens, celui qui, de par Zeus souverain et de par les dieux, a traité avec les ennemis auxquels je voue pour toujours une haine implacable en raison du mal fait à mes champs. Je ne cesserai pas avant que je m'attache à eux comme une flèche acérée, douloureuse, ou la rame à la main, afin qu'ils ne foulent pas aux pieds mes vignes.
Mais il faut chercher notre homme, avoir l'œil du côté de Pallènè, et le poursuivre de lieu en lieu, jusqu'à ce qu'on le trouve; car je ne saurais m'assouvir de le lapider.
Observez, observez un silence religieux.
Que tout le monde se taise! N'avez-vous pas entendu, vous autres, réclamer le silence religieux? Voilà l'homme même que nous cherchons. Retirez-vous tous par ici; car notre homme semble s'avancer pour offrir un sacrifice.
Observez, observez un silence religieux. Que la kanéphore vienne un peu en avant: Xanthias, mets le phallos droit.
Dépose ta corbeille, ma fille, afin que nous commencions.
Ma mère, passe-moi la cuillère, pour que je répande de la purée sur le gâteau.
Voilà qui est bien. Souverain Dionysos, c'est avec reconnaissance que je célèbre cette fête en ton honneur, et que je t'offre un sacrifice avec toute ma maison: rends-moi favorables les Dionysia champêtres, à l'abri de la guerre, et fais que je passe au mieux les trente ans de la trêve.
Voyons, ma fille, gentille enfant, porte gentiment la corbeille; aie le regard d'une mangeuse de sarriette. Heureux qui t'aura pour femme et qui te fera puer comme une belette, au point du jour! Avance, mais prends bien garde que dans la foule on ne fasse main-basse sur tes bijoux d'or.
Xanthias, à vous deux le soin de tenir le phallos droit derrière la kanéphore. Moi, je suivrai en chantant l'hymne phallique. Toi, femme, regarde la fête de dessus notre toit. Va.
Phalès, ami de Bakkhos, bon compagnon de table, coureur de nuit, adultère, pédéraste, après six ans je te salue, ramené de bon cœur dans mon dême par une trêve, délivré des soucis, des combats et des Lamakhos. Combien est-il plus doux, ô Phalès, Phalès, de surprendre une bûcheronne, dans toute sa fraîcheur, volant du bois dans la forêt du Phelleus, comme qui dirait Thratta, l'esclave de Strymodoros, de la saisir à bras-le-corps, de la jeter par terre et d'en cueillir la fleur. Phalès, Phalès, si tu bois avec nous, demain matin, après l'orgie, tu avaleras un plat en l'honneur de la paix, et mon bouclier sera pendu dans la fumée.
C'est lui, lui-même, lui: jette, jette, jette, jette; frappez tous l'infâme. Allons, lancez, lancez!
Par Hèraklès, qu'est-ce cela? Vous allez casser ma marmite.
C'est donc toi que nous lapiderons, tête infâme!
Et pour quelles fautes, vieillards Akharniens?
Tu le demandes, toi qui n'es qu'un impudent scélérat, traître à la patrie; seul de nous tu as conclu une trêve, et tu oses ensuite me regarder en face!
Mais écoutez donc pourquoi j'ai conclu cette trêve, écoutez!
T'écouter? Tu périras! Nous allons t'écraser sous les pierres.
Non, non; commencez par m'écouter: arrêtez, mes amis.
Je ne m'arrêterai pas. Ne me dis point ce que tu dis. Je te hais encore plus que Kléôn, que je couperai pour en faire des semelles aux Chevaliers. Mais je ne veux rien entendre de tes longs discours, toi qui as traité avec les Lakoniens, mais je te châtierai.
Mes amis, laissez là les Lakoniens; et, quant à mon traité, écoutez si je n'ai pas bien traité.
Comment pourrais-tu dire que tu as bien fait, du moment que tu traites avec des gens qui n'ont ni autel, ni foi, ni serment?
Et je sais, moi, que les Lakoniens, à qui nous en voulons trop, ne sont pas les auteurs de toutes nos misères.
Pas de toutes, scélérat! Tu as le front de nous tenir en face un pareil langage! Et je t'épargnerais!
Non, pas de toutes, pas de toutes! Et moi qui vous parle, je pourrais vous montrer que, maintes fois, c'est à eux qu'on a fait tort.
Voilà un mot imprudent, et fait pour échauffer la bile, que tu oses nous parler ainsi des ennemis!
Et si je ne dis vrai, si le peuple ne m'approuve pas, je veux parler la tête même sur le billot.
Dites-moi, gens du peuple, ne ménageons pas les pierres, et cardons cet homme pour le teindre en pourpre!
Quel noir tison se rallume en vous? Ne m'écouterez-vous pas, ne m'écouterez-vous pas, Akharniens?
Nous ne t'écouterons pas, certainement.
Je vais passer par un cruel moment.
Que je meure, si je t'écoute!
Non, de grâce, Akharniens!
Tu vas mourir à l'instant!
Eh bien, je vais vous mordre: je vais tuer vos plus chers amis: je tiens de vous des otages, je les prends et je les égorge.
Dites-moi, gens du peuple, que signifie cette parole menaçante contre nous les Akharniens? A-t-il en son pouvoir quelque enfant de l'un de nous, qu'il tient enfermé? D'où lui vient cette hardiesse?
Frappez, si vous voulez, je me vengerai sur ceci. (Il montre un panier.) Je saurai sans doute qui de vous a souci des charbons.
Nous